Il restait peu de chaises vides à la salle polyvalente de Saint-Vincent-sur-Oust, ce mercredi 9 novembre à 18h30. Elus, acteurs économiques, représentants du monde associatif, habitants… près d’une centaine de personnes ont répondu présentes à l’invitation de Claire et Jonathan Charier pour découvrir le projet de réhabilitation du site connu de tous sous le nom de Ti-Kendalc’h. Une preuve s’il en est de l’attachement profond de la population à ce lieu, longtemps animé par le cercle breton du même nom, laissé à l’abandon depuis quinze ans.

Représentants de la cinquième génération de la famille Charier* , Claire et Jonathan Charier ont présenté leur vision du projet sur ce site acquis auprès de la commune en 2020. Sous le nouveau nom d’EKO-STER, le lieu entièrement rénové accueillera en 2026 (date prévisionnelle) un centre de santé globale, un espace bien-être, un hôtel, un restaurant, un tiers-lieu et une microferme. Le tout dans un esprit résolument écoresponsable et inclusif, respectueux de l’histoire du site et accessible aux habitants.

Nous connaissons le lien affectif qui lie la population locale au site et à son histoire exceptionnelle

Jonathan Charier, co-animateur du projet avec Claire Charier

« Notre ambition est de réaliser un projet à fort impact social et environnemental, de faire vivre la mémoire du lieu et de participer à la redynamisation du territoire » revendiquent de concert Claire et Jonathan, pour qui ce projet est aussi synonyme de retour aux sources. « Redon a fait naître notre entreprise et l’Oust l’a vus grandir », confient les deux cousins. C’est dire si cette première rencontre avec les habitants était riche de sens et d’enjeu pour le projet. « Nous connaissons le lien affectif qui lie la population locale au site et à son histoire exceptionnelle. Ce projet n’a de sens que si elle y adhère ».

C’est donc auprès d’un auditoire attentif que Claire et Jonathan ont dévoilé les contours du projet, avant d’engager un échange avec l’assemblée. Timides au début, les questions se sont ensuite rapidement enchaînées, révélant le besoin du public de connaître les différents aspects du projet, d’exprimer ses doutes ou même de faire des propositions. Comment le site va-t-il être aménagé ? Quels sont les soutiens au projet ? Quels seront les impacts pour les habitants de la commune ? De la création d’emplois à l’abattage d’arbres, voici un aperçu des questions variées posées par des habitants avides de réponses, apportées par Claire et Jonathan.

Sur l’aménagement et rénovation du site

  • Quand le site va-t-il ouvrir ? Avez-vous déposé le permis de construire ?
    Le dépôt du permis de construire est prématuré : nous voulons co-construire la suite du projet, en particulier avec vous. Nous ne voulons pas brûler les étapes, il est donc difficile de se prononcer sur une date d’ouverture, mais nous espérons qu’elle sera possible en 2026.
  • Allez-vous couper des arbres ?
    Le site fait partie de l’association syndicale libre de gestion forestière L’Ile aux Pies et s’inscrit dans un plan simple de gestion forestière, validé par le ministère écologie et territoire. Nous sommes accompagnés par un professionnel forestier afin de gérer au mieux le renouvellement des arbres.
  • Avez-vous prévu de récupérer les eaux pluviales ?
    Cela nous semble d’autant plus évident que la superficie des toits s’y prête à merveille ! Nous souhaitons valoriser cette surface et mixer des solutions vertueuses et complémentaires : toits végétalisés, panneaux solaires, etc.
  • Vous parlez de rénovation écologique, cela signifie des toilettes sèches partout ?
    Là aussi, nous souhaitons des solutions multiples. Ce « marché » connaît de nombreuses évolutions, nous explorons toutes les options en lien avec nos objectifs d’écoresponsabilité et d’inclusion.

Sur la dimension économique et les soutiens au projet

  • Combien d’emplois allez-vous créer ?
    Nous avons fait une première estimation à environ 70 emplois (équivalent temps plein), ce chiffre peut bien sûr évoluer. Comme pour le public accueilli, nous souhaitons être inclusifs dans le recrutement des futurs salariés.
  • Quelle est la nature du soutien de la mairie et de l’agglomération ?
    Il s’agit d’un soutien purement moral à ce jour. Mais nous solliciterons en temps voulu les collectivités. 
  • Vous prévoyez huit millions d’euros d’investissements. Quelle est la surface financière de l’entreprise Charier ?
    L’entreprise Charier réalise un chiffre d’affaires de 334 millions d’euros et emploie 1700 collaborateurs. Les 8 millions d’euros concernent la rénovation du site. Nos partenaires financeront les aménagements et le fonctionnement des activités : restaurant, hôtel, tiers-lieu…
  • Y a-t-il un risque que vous ne trouviez pas tous les partenaires ?
    Nous avons déjà des discussions très avancées sur la plupart des activités. Le projet plaît beaucoup, par le lieu lui-même et par les valeurs que nous portons. Notre choix de partenaires est guidé par deux critères : leur compatibilité avec les valeurs du projet, leur appétence pour un projet collectif et leur capacité financière à développer un nouveau projet.

Sur les impacts pour la population locale

  • Quel sera le pourcentage d’embauches sur la commune ?
    Il est difficile de l’évaluer aujourd’hui, mais nous éviterons d’aller chercher des salariés à 100 kilomètres si nous trouvons le profil adéquat sur place. 
  • Nous habitons tout près du site et on a l’habitude de s’y promener, pourra-t-on encore le faire ?
    Faire de ce lieu un espace fermé n’aurait pas de sens ! Nous souhaitons garder l’esprit du site, ouvert à tous et en particulier aux habitants et à la faune.
  • Quelle sera la nature des activités médicales qui seront proposées ? Comme dans beaucoup de territoires ruraux, nous avons un vrai besoin en la matière !
    C’est effectivement un sujet dont nous discutons avec nos partenaires sur le volet santé. Nous souhaitons accueillir à la fois des activités médicales conventionnelles et holistiques. Nous aurons à cœur, si nous le pouvons, de contribuer au problème de désertification médicale.

C’est à Pierrick Le Boterff, maire de Saint-Vincent-sur-Oust, qu’est revenu le mot de la fin. « Le projet EKO-STER nous intéresse en tant qu’élus et habitants. Il offre une belle orientation pour ce site qui va enfin revivre. »

Prochaine étape : un atelier de co-création le 16 novembre avec les habitants. « Il y a encore de nombreuses choses à construire, concède Claire Charier, et c’est avec eux que nous voulons imaginer la suite. »

* L’entreprise de travaux public CHARIER a été créée en 1897 par la famille Charier et reste 100 % familiale.