Derrière Eko-Stêr et ses différentes activités, il y a du monde, des personnalités, des savoir-faire variés. Quoi de mieux que donner la parole à chacun de nos partenaires pour qu’ils vous expliquent le pourquoi du comment ils ont rejoint ce projet ?
Tous les 2 mois, vous retrouverez dans notre newsletter une interview à ce sujet.
Aujourd’hui, Eko-Stêr donne la parole à Pierre-Yves, notre partenaire pour l’activité Eco-hôtel Inclusif 🎙
Peux-tu te présenter et présenter ta structure en quelques mots ?
Je m’appelle Pierre-Yves Le Gal. J’ai 37 ans, je vis à Nantes et je suis papa de 2 petits enfants. J’ai par ailleurs plusieurs sociétés.
Ma première société, Arzel, créée en 2012, est spécialisée dans l’accompagnement de pilotage de projets hôteliers pour le compte d’exploitants hôteliers, de porteurs de projets, d’investisseurs. Au cours de ces 10 dernières années, nous avons principalement travaillé sur l’ouverture et le pilotage de projets qui font des pas de côtés comme des auberges de jeunesse, des auberges familiales, des hostels, des écolodges et des concepts atypiques aussi bien par leur programmation, leur positionnement commercial et marketing et leur développement du parcours client novateur. Nous avons notamment un projet en cours aux Sables-d’Olonne.
Mais notre activité a beaucoup changé ces 3 dernières années. Nous avons préféré nous structurer et réfléchir à nos ambitions : non seulement en portant des projets hôteliers jusqu’à leur ouverture mais aussi en les exploitant. C’est dans ce cadre là que nous avons porté un projet en propre qui est Le Lieu Dit à Nantes. Telle une place de village,🏘️👫👬👭 nous avons repensé l’hôtellerie de quartier avec un certain nombre d’aspérités, tant du commerce de proximité, que du service, ou de l’hôtellerie décomplexée et vertueuse, avec un coeur d’activité qui se passe autour de la restauration 🍽️🍕, service aujourd’hui un peu oublié des hôtels.
Nous exploitons désormais un deuxième hôtel à Nantes, l’Astoria, et sur lequel nous prévoyons des travaux d’ici 2025. C’est un hôtel avec un positionnement plus central, plus urbain sur lequel nous essaierons de positionner un certain nombre de nos convictions tant en termes de lieu de vie, de multi-activités, ou de tiers-lieu.
Nous avons une chance formidable dans ces hôtels qui sont très bien situés, avec des rez-de-chaussée très vastes et sur lesquels les acteurs classiques de l’hôtellerie y intègrent trop peu de programmation, se retrouvant malheureusement vides entre 9h et 17h00, alors que ce sont, je pense, des terrains de jeu à explorer.
Quels sont les grands enjeux que tu rencontres en ce moment dans ton activité ? Et comment essayes-tu d’y répondre ?
Le premier est un enjeu humain de recrutement, formation et fidélisation des équipes.
Quel que soit le type d’hôtel ou de restaurant que l’on monte, qu’il soit le plus vertueux, le plus responsable possible, s’il n’y pas une équipe derrière pour incarner, promouvoir et produire les services de cet établissement, cela devient quasiment impossible.
L’enjeu est alors :
- de réinventer les modèles de gestion du personnel,💡
- de séduire, former, et embarquer de nouveaux talents qui ne sont pas issus de l’hôtellerie-restauration,
- de les conserver en réfléchissant aux conditions de travail, à la suppression des coupures ✂️, à une meilleure formation ; en leur donnant un début de passion pour ce métier, ❤️
- de les sensibiliser sur l’impact environnemental, avec le zéro-déchet ♻️, le mieux acheter et consommer 💚…,
- et enfin de créer une énergie positive.
Le deuxième enjeu est de surprendre le client,‼️🤩 en créant un miroir grossissant de la modernité en hôtellerie. L’hôtel ou le restaurant doivent être des lieux de découverte et pas uniquement des lieux de continuité de la maison, ou de ce qu’on a vu à la télévision. Il faut se questionner sur comment nous pouvons oser, comment nous pouvons faire en sorte de mettre de la nouveauté dans les chambres, dans les assiettes, dans les parties communes, pour faire en sorte qu’un client se dise “Tiens j’ai vu ça, c’est pas mal, je pourrais éventuellement le ramener à la maison, ou dans mon entreprise, ou dans mon quotidien”.✨ C’est se dire qu’en communiquant autour de ça on doit pouvoir surprendre le client, quitte à le brusquer un petit peu.
C’est aussi réussir à surprendre le client en changeant un peu notre paradigme en termes de développement durable 🦉🌳🌺♻️dans ce domaine. Cela passe, sans vouloir être trop radical, par une réflexion sur le confort du client 🛌qui est le biais par lequel nous avons été formé en hôtellerie-restauration.
L’hôtellerie-restauration a toujours été en recherche incessante de confort : On ne dit jamais non à un client. Si un client veut de l’opulence il doit l’avoir… Mais je pense que nous devons être droits dans nos bottes en proposant une approche différente : du low tech (pas de climatisation, pas de télévision), du mieux manger, de la sobriété en général en termes de décoration et d’équipement. C’est aller un peu à l’encontre du confort du client, sans être moralisateur, sans dire que c’est pour leur bien. Il faut assumer jusqu’au bout.
As-tu quelques chiffres clés à nous présenter sur TES ENJEUX ?
Le secteur de l’hôtellerie-restauration conserve une légère opportunité car de nouveaux profils continuent d’arriver. Et je pense que l’une des clés du recrutement en général dans notre secteur est de mettre en avant tes valeurs, ton projet, presque comme un projet de société, tant pour tes clients que pour tes collaborateurs, car ils représentent en réalité la même cible.🎯
Au Lieu Dit, notre succès repose sur notre public plutôt jeune,🧒 qui est également notre cible potentielle de futurs collaborateurs.
Et, je crois que si un collaborateur actuel ou futur adhère à nos valeurs, il franchira nos portes. Parfois, il n’y a pas nécessairement une parfaite adéquation avec le poste lui-même, mais nous attirons des talents.
En termes de chiffres, nous avons la chance de voir notre équipe se développer continuellement. Nous avons commencé avec 8 personnes et nous sommes maintenant 20 au Lieu Dit, et 3 autres chez Arzel.
Grâce à notre approche de proximité, de sobriété et de donner un sens, notre restaurant fonctionne très très bien, avec une moyenne de 220 à 280 couverts par jour, et notre hôtel affiche un taux d’occupation supérieur à 75%, ce qui dépasse légèrement les standards nantais. Nous parvenons à séduire cette clientèle et nous constatons qu’une approche légère et responsable séduit à la fois nos collaborateurs et notre public cible.
Dans quel contexte as-tu entendu parlER d’Eko-Stêr ?
Je fais un parallèle avec l’arrivée de nouveaux collaborateurs, car l’émergence du Lieu-Dit a attiré un certain nombre de porteurs de projets, qu’ils soient liés ou non à l’hôtellerie-restauration. Ils sont venus en tant que clients, probablement par curiosité,⁉️ et ont ensuite perçu chez nous une ouverture d’esprit, du moins je l’espère. C’est ainsi que j’ai rencontré Claire et Jonathan pour le projet Eko-Stêr.
C’est donc à travers les valeurs du Lieu Dit que nous nous sommes rencontrés, que j’ai découvert leur projet, que je suis allé le visiter, et doucement nous avons commencé à élaborer une programmation hôtelière.
Il ne suffit pas de se lancer dans des projets par simple opportunité, en espérant obtenir un coup de projecteur médiatique. Il est crucial de partager une vision commune, celle d’une hospitalité en constante évolution et d’une intégration harmonieuse de diverses activités autour de l’hébergement. Cela crée une atmosphère stimulante et dynamique, un « joyeux bordel » 😄 où chaque élément se combine pour former un ensemble cohérent. C’est précisément ce « joyeux bordel » et cette approche qui m’ont séduit chez Eko-Stêr, et qui ressemblent énormément à ce que nous nous efforçons de réaliser ici, au Lieu-Dit, ainsi que dans nos autres projets.
Qu’est ce qui t’as attiré dans ce projet et pourquoi as-tu décidé de rejoindre l’aventure ?
J’apprécie particulièrement l’approche assez radicale d’Eko-Stêr en ce qui concerne son volet hôtelier. Situé dans un cadre rural accueillant🌳🌳🌳, ce vaste terrain de jeu répond à un besoin crucial. En effet, les études démontrent que ces 15 à 20 dernières années ont été particulièrement difficiles pour l’hôtellerie rurale, notamment pour les établissements en dehors des centres-villes, des zones périurbaines et des zones balnéaires. C’est pourquoi il est impératif de donner un nouveau souffle à l’hôtellerie rurale.
J’aime aussi le projet pour ses multiples facettes et ses différentes voies d’accès. Que ce soit à travers le bien-être, les séminaires, la restauration, l’hébergement ou la santé, l’idée est de créer un lieu de destination attrayant. On ne se rend pas simplement là-bas pour satisfaire un besoin d’hébergement ou de restauration, mais plutôt pour découvrir l’atmosphère unique de cet endroit.✨💫 Cela peut inciter les visiteurs à revenir ultérieurement pour d’autres motifs personnels ou professionnels.
Enfin, ce qui m’a plu, ce sont les sujets du développement durable, de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de l’inclusion.👩🦽 Il est intéressant de vouloir se positionner comme un modèle de modernité et de démontrer qu’un tel modèle est possible. Rien de mieux que des personnes qui se disent : « Personne n’y a pensé, personne ne l’a fait. » Mais ce n’est pas parce que personne ne l’a fait que cela ne peut pas être réalisé.
Un exemple que je cite fréquemment est celui de l’ordinateur Mac 🍏 doté du cube bleu à l’arrière. Personne ne réclamait un ordinateur en forme d’ogive entièrement bleu, mais Apple a osé le créer. C’était une idée brillante 💭et les gens se sont littéralement arraché cet ordinateur.
C’est un peu le principe de ces projets-là : montrer qu’ils ont du sens, une véritable logique, et qu’ils plaisent malgré les nombreux obstacles. Soyons honnêtes, la position géographique d’Eko-Stêr n’est pas directement liée à d’importants flux touristiques. Elle est située dans une belle agglomération mais pas au cœur d’une grande métropole, et est proche de nombreuses métropoles sans pour autant être en bord de mer. Finalement, nous devrons créer nos propres atouts.
Cette approche me fait penser à nos voisins Vendéens et à leur stratégie pleinement assumée du département. Bien que la Vendée ne soit pas dotée d’atouts naturels exceptionnels tels que de grandes villes ou des plages paradisiaques, elle a néanmoins adopté une politique de création de destinations en valorisant des événements tels que le Vendée Globe et des sites touristiques uniques comme le Puy du Fou.
En résumé, si nous ne disposons pas d’éléments distinctifs majeurs, nous devons les créer nous-mêmes.
Peux-tu nous décrire le projet d’ECO-Hôtel Inclusif que tu souhaites mettre en place sur Eko-Stêr avec nous ?
Le projet hôtelier est en cours de développement sur Eko-Stêr et il se concentre principalement sur la création d’une hôtellerie accessible. Les porteurs de projet mènent une réelle réflexion sur l’accessibilité et l’inclusion dans ce domaine, qui est souvent négligé. L’objectif est d’offrir un accueil de qualité aux personnes en situation de handicap 👨🦽, en rémission, ainsi qu’à une clientèle vieillissante, car notre clientèle tend à être de plus en plus âgée.👵👴 Ce défi est particulièrement marqué pour les hôtels indépendants, tandis que l’hôtellerie de groupe a déjà pris une longueur d’avance.
Notre ambition est de créer un lieu où se mêlent harmonieusement des clients à la recherche de confort, de détente et de repos, 🧘♀️🚴🏻 des clients en déplacement professionnel, des passionnés de gastronomie 🍽️ et une clientèle peut-être un peu plus festive.🥳 Ce qui rend cette dynamique intéressante, c’est la possibilité de favoriser les échanges et les interactions entre ces différentes catégories de clients.
Dans cette perspective, nous souhaitons développer une approche sobre de l’hôtellerie. Notre engagement envers nos clients se résume à leur offrir un sommeil de qualité 🛌 et une douche agréable,🚿 sans chercher à créer un luxe ostentatoire basé sur des détails superflus comme l’épaisseur de la moquette. Notre objectif est plutôt de s’inscrire harmonieusement dans le paysage environnant, d’en faire partie intégrante, et de réduire au maximum l’empreinte de nos chambres en termes d’équipements, d’aménagement, de décoration et de technologie.
Cependant, une fois que nous aurons comblé ce besoin essentiel de bien dormir et de prendre une bonne douche, nous comprenons que la véritable essence de l’expérience se trouve ailleurs, dans les multiples activités proposées à Eko-Stêr. Il ne s’agit donc pas de se cloîtrer dans sa chambre, mais plutôt de créer un espace réconfortant où l’on se sent bien, tout en incitant nos clients à passer le moins de temps possible à l’intérieur.
En réalité, le succès de notre projet se mesurera au temps que les clients passeront en dehors de leur chambre, car c’est là que se trouve l’attrait véritable d’Eko-Stêr.
Où en es-tu dans la réalisation de ton activité au sein d’Eko-Stêr ?
La tâche qui nous attend est tout simplement immense. Nous devons mettre en place un programme qui repose sur les flux de clients. Au lieu d’une simple marche dans l’espace, c’est un véritable parcours dans le temps qui nous attend, de 1h du matin jusqu’à 23h.⌚ Il est crucial de réfléchir à ce qui se passera dans l’établissement, comment nous pouvons insuffler de la vie, optimiser les espaces et garantir un confort optimal. Il s’agit d’un processus de réflexion approfondie, de perfectionnement et de peaufinage de l’identité de l’hôtel. Pourquoi choisir Eko-Stêr ? Quels sont nos engagements essentiels ? Le confort, la sobriété, la convivialité… Nous devons nous assurer d’avoir des atouts concurrentiels, des avantages concurrentiels solides.
Ensuite, il faudra passer à la construction et à l’aménagement. Une fois que le travail de programmation sera terminé, nous devrons nous lancer dans une véritable quête pour trouver la décoration parfaite, le mobilier adéquat et les initiatives novatrices. Nous devrons rechercher des matériaux recyclés,♻️ parfois méconnus, qui se trouvent sous nos yeux depuis des années. Notre objectif est de construire un hôtel avec un impact environnemental minimal. Il s’agit de créer un hôtel neuf en utilisant le moins de ressources neuves possible, en privilégiant une réflexion poussée. Nous ne devons pas suivre aveuglément les sentiers battus pour chaque aspect du projet. Il est essentiel de se demander pourquoi nous faisons les choses de cette manière et pourquoi nous ne pourrions pas faire différemment. 👨🔬 Parfois il faudra accepter de renoncer à certaines idées qui ne sont pas réalisables en raison des obligations légales liées à l’accessibilité et à la sécurité. Chaque sujet doit être abordé avec une perspective nouvelle.
Donc oui, il y a encore beaucoup de travail 🚧 à accomplir, c’est indéniable.
Quels types d’usagers pourront séjourner dans cet hôtel ? Qu’est-ce qu’ils pourraient y faire?
La vision initiale est basée sur une approche arithmétique. Il y a 5 jours de travail et 2 jours de week-end dans une semaine, et seulement 5 semaines de congés payés en France. Par conséquent, si nous aspirons à un projet couronné de succès sur le plan économique – ce qui est crucial – notre cible doit se tourner naturellement vers le tourisme d’affaires. 👔
Cependant, il est important de souligner que nous ne visons pas les déplacements traditionnels des représentants de commerce ni les séminaires d’entreprise classiques. Notre objectif est plutôt d’attirer des professionnels travaillant à distance,💻 des retraites professionnelles à la recherche d’un cadre propice à leur activité.🌳 Nous disposons d’un espace de jeu et de travail exceptionnel qui peut être exploité par les entreprises. Ainsi, nous devons en premier lieu cibler les entreprises, car ce sont elles qui assureront notre activité tout au long de l’année. Nous chercherons à attirer des entreprises du bassin rennais, nantais, mais également d’autres régions plus éloignées.
Ensuite, nous aurons une clientèle loisir qui sera motivée par l’idée de vivre une expérience de « bulle » ou d’évasion. 🌳🧘♂️ Il ne s’agit pas tant de découvrir la région de Redon, mais plutôt de se connecter avec toutes ses particularités et ses valeurs. Nous devons développer des séjours de loisirs pour les individus, les couples ou les familles.
Il existe de nombreuses connexions et interactions possibles avec les activités professionnelles nomades, avec la restauration et avec les activités touristiques. Nous pourrions proposer des packages découverte incluant des expériences liées à l’agriculture,👩🌾 aux sports 🚴♀️et aux loisirs en plein air.🧗🏻♂️ Je suis convaincu que nous pouvons créer plusieurs formules attractives autour de ces activités.
Connais-tu des établissements similaires comme des hôtels inclusifs ou d’autres typologies d’éco-hôtels qui intègrent différentes activités en France ou ailleurs ?
Actuellement, je n’ai pas de référence précise en tête pour décrire à quoi pourrait ressembler Eko-Stêr. Cependant, il existe des établissements qui ont réussi à combiner efficacement ces éléments, tels que Le Domaine de Pan situé près de Saint-Nazaire, dans la région de Brière. De plus, le Country Lodge et le Barn ont été des pionniers dans le domaine de l’hôtellerie alternative axée sur la destination et la campagne. Il y a également la Grée des Landes, bien que son orientation soit davantage axée sur le bien-être et les soins. Dans l’ensemble, je n’ai pas encore identifié un établissement équivalent qui intègre l’inclusion, le développement durable et l’hébergement, tout en offrant des services adaptés aux besoins des voyageurs d’affaires.
Quel est ton “petit +” ?
Le petit + c’est que j’aime bien me mettre en danger sur des projets comme ça ! ⚡⚡⚡La prise de risque et la sortie de zone de confort font partie intégrante des projets ambitieux. L’idée est de se démarquer en faisant les choses différemment, avec un fort engagement. Je considère que le véritable succès d’un projet réside dans sa capacité à surprendre, voir à heurter de manière positive, tout en apportant une valeur ajoutée significative. J’ai cette volonté de faire les choses de manière unique à chaque fois.
>>> Interview réalisée le 14 avril 2023, avec Pierre-Yves Le Gal du Lieu Dit + Arzel à Nantes
Photos par ©Elodie Villalon